Mon univers

Conjuguer les mots à la terre et sentir nos ailes se déployer…

hélé  modèle une structure en céramique

hélé, au pays d'hélé les poules enfantent des poissons....

Au pays d’Hélé

Au pays d’Hélé, les poules enfantent des poissons qu’Hélé couve le temps qu’il faut. Puis les poissons s’en vont flotter d’arbre en arbre pour un jour enfin trouver Leur arbre.

Hélé vit parmi les siens. D’ailleurs, les siens, on ne peut pas les décrire, les mots sont des merveilles, à chacun son trésor pour bien dire ce qu’il est. Tous sont créatures emmêlées, d’ici ou bien d’ailleurs, elles  conjuguent en leur soi des kilos de pépites. Les merveilles se partagent, mais elles se cachent aussi, mais ça, c’est une autre histoire qui vient d’autres endroits et d’autres envers parfois !

Le temps qu’il faut ? C’est le temps de chacun. Il faut bien tendre l’oreille pour sentir l’odeur du temps, il faut bien observer pour percevoir les premières nageoires onduler.

Le temps qu’il faut c’est le temps de chacun, c’est une savante leçon reçue en héritage.

Hélé a grandi ainsi, lovée dans le coton, bercée par les vagues de la mer.

Les histoires qu’on raconte on finit par y croire…

Hélé devient l’ailée qui se déploie et  s’envole.

Lorsque tu la verras, tu la reconnaitras ! Enfant de l’eau et de la terre, elle ne connaît pas les frontières, les éléments se confondent, telle sa chevelure ondulée qui relie terres et mères. Elle aime son monde et navigue sans limite d’un univers à l’autre, s’enrichit des ombres et des lumières, des nageoires et des plumes. Elle explore des cieux, des profondeurs, côtoie poules et poissons.

Ailée s’envole.

Au pays d’Hélé, les « penses maman » guérissent de tout.  Ailleurs les pansements se fabriquent à la chaîne dans des usines à tout faire, comme si c’était possible.

Hélé étonne, Hélé questionne, et les enfants, et la comprennent et la devinent. Elle est loufoque, un peu bizarre, elle-même s’étonne parfois de ses propres regards. Hélé est bricoleuse pas trop aventurière, il est même des pays qu’elle ne comprend pas trop. Il lui arrive parfois de rêver aux autres places, à ces domaines carrés si propices aux rangements, à ces maisons aux angles pour tous les emboitements. Elle comprend qu’il le faut, une armoire n’est pas ronde, mais plutôt bien carrée ! Qui pourrait croire qu’on peut plier ses ailes dans une boule qui roule ? Les armoires sont carrées parce qu’elles protègent leurs habitants de se heurter aux murs, de se cogner tout le temps.

Non vraiment, tout fout le camp ! Elle est bien trop zinzin, ses pensées la paniquent !

Ça fait de vrais cauchemars ces terres aux carrés ! C’est fait d’angles à rangement, de choses bien ordonnées qui abritent et rassurent en tous points et virgules et ordonnent jusqu’aux mots qu’on veut bien partager. Le problème avec les règles c’est qu’on ne les connaît pas toutes, ou qu’on n’est pas bien sûrs. Il faudrait avancer à tâtons, à minuscules pas de fourmis, retenir les secondes, pouvoir s’arrêter, reprendre, tout bien mettre bout à bout pour savoir en tout temps partager les bons mots comme les bonnes nourritures.

Mais l’heure n’est pas toujours aux improvisations, il faut savoir et prévoir même… Et pourtant ça arrive les tempêtes, les tornades des mots mal ordonnés, des mots mal agencés, des accents mal mis, des chapitres non terminés. Hélé n’aime pas le désordre et n’aime pas l’ordre non plus, ni les gants chauds en hiver ni tout ce qui pare aux vents. Sous les gouttes d’eau, les gouttes d’air, elle sent l’odeur du présent, respire intensément, pour prendre part, accueillir.

Pour prendre part, un inspir…

Elle aime les ronds, elle aime les petits points que les poules avec elle picotent tout le temps. Parfois au creux d’elle-même, elle déplace les lignes, surtout celles qu’on dessine à si grands coups de règle. Elle les dore, les illumine de creux  et de toutes petites bosses, de reliefs à tout faire. C’est dans ces moments là qu’Hélé soleil s’éteint  pour prêter ses éclats aux étoiles qu’elle recueille. Les étoiles sont utiles, elles aident à s’évader, à rêver, explorer. Ces instants sont magiques, c’est comme une vraie galette beurre salé – marée basse. Alors poules et poissons s’agitent et profitent des éclats pour mieux voir et créer à leur tour.

Certains gomment les lignes, n’en préservent que des points pour sculpter leur trésor. Les reliefs à tout faire sont le tremplin des autres pour sauter, s’envoler, voir de plus haut le monde. Ces instants sont pépites, elle regarde et savoure les talents de ses hôtes transformés en héros, bons Génies de la terre. L’univers devient courbes, ronds, points, et gouttes d’eau, gouttes d’air loin de ses tristes lignes tracées en continu par le crayon tiré, sans inspir, sans expir, par la mine écrasée, forcée, traînée, soumise. A ces lignes, elle préfère les emmêlements qu’on se partage ici et qui font que son monde, il sent parfois si bon.

Il arrive qu’on se moque de ses curieux talents, les gens ne sont pas méchants, c’ est qu’ils ne savent plus ! Ils oublient, entassent et jettent, pulls à trous attristés de ne plus servir à rien. Il est pourtant des endroits que d’autres ont préservé, là bas on détricote tous les lainages d’hier. Des pulls à trous on fait  naître des kilos de pelotes, des fils d’or à créer, des laines d’or à tisser. En ces lieux tous se mettent à l’ouvrage pour tricoter, de grandes ailes à voler comme des ailes à lover, ça c’est propre à chacun ! Et l’avantage de l’or ? Et bien, c’est que ça brille, ça aide à se repérer quand on cherche son chemin, et comme des chemins il y en a plein, alors c’est plutôt bien !

Puis il y a le chagrin qui tout seul ne sert à rien. Alors quand il se met à pleuvoir, qu’il pleut même très très fort, Hélé sort son bazar, seaux et bols à remplir, et recueille l’élixir pour qu’il serve à nourrir. Chez elle, les larmes se recyclent et deviennent en son temps le breuvage de la terre. Hélé se fait jardinière, semeuse d’arbres à poissons qu’elle couve le temps qu’il faut. Elle  prête son pinceau pour tracer à l’or fin les abîmes d’hier devenus des artères, des veines à respirer.

Elle prête aussi son H à ceux qui n’en n’ont pas et rencontre Hippolyte, Hermine ou bien Hyacinthe, Henri et Hanaé.  C’est une lettre tremplin un « H » à dessiner. On le met comme on veut, comme ceux-ci ou bien comme ceux là, ou encore tête en bas, jouez avec la lettre, voyez où elle vous mène ou soufflez lui le chemin ! Tracez tout plein de HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH et faites en des échelles, des échelles à monter, des échelles à descendre. Dessinez des maillons de doux liens à nourrir, de doux liens à chérir. Habile et compétent, vous saurez comment faire, les ajouter comme les ôter aux chaines qui enferment. Dociles et éduqués, ils dessinent avec nous les tracés singuliers des chemins de nos vies.

Enfin dans son pays, il y a aussi des fous, et ça c’est rassurant. Des toufous  tout en joie, ils se baladent ici et là, saisissent toutes mélodies pour faire danser, chanter. Ils dénichent les attristés, abîmés du pays et leur offrent des grelots. Ils se trompent parfois, oublient et se corrigent. Les toufous tout confiants, généreux persévèrent, ils savent que les erreurs ouvrent de nouvelles voies. Des vraifous, il y en a bien, et ça c’est bien certain. Leur déguisement les voile,  poissons masqués ou encore fausses poules, ils se cachent en miroirs. Des diamants, ils promettent qu’ils feront ton Bonheur. Mais au pays d’Hélé, aux diamants on préfère leurs éclats de brillants déguisés en rosée tous les matins d’hiver.

On pourrait dire qu’Hélé rêve parfois, ou bien qu’elle rêve tout le temps, c’est bien comme on veut…

On pourrait dire qu’elle prie, et c’est peut être vrai quand en elle, tout d’un coup,  tous les mots se rassemblent pour former des prières:

Regarder les fêlures de la terre, voir en elles le veinage d’une âme épuisée mise entre parent-aise. Profiter de ces blessures pour faire naître avec elle des germes de renouveau.

La couver, la choyer pour qu’elle retrouve au creux d’elle-même le souffle des inspirs, tout comme celui des expirs.

La veiller, la remercier de ces voies qu’elle dessine.

En ses veines voir les chemins nouveaux, ensemble les parcourir, ajuster, soutenir,

Devenir le tuteur de la déesse mère.

Que les poissons prêtent leurs ouïes, en rythme, qu’ils respirent avec elle.

Que les poules et oiseaux continuent à semer toutes graines à germer.

Tracer de nos mots ordonnés les gouttes nourricières qui font naître à nouveau.

Ici les mots sont des pépites qui n’oublient pas leur origine,

Lorsqu’ils conjuguent leurs talents, c’est pour écrire des histoires qui  éclairent loin devant.

Ailée Soleil